
Non non, ne vous inquiétez pas, je ne vais pas en rajouter une couche (haha) sur le Blog Action Day.
Aujourd'hui, je vous parle de la méchanceté, ou plus précisément, de la colère, et ce n'est pas la même chose, nous le verrons dans cet exposé. Aujourd'hui les enfants, on va parler de ce que j'appelerais sans avoir peur des néologismes et des anglicismes :
la baditude.
Pour les (rares) lecteurs de ce blog m'ayant connue dans ma douce jeunesse, celle d'il y a 10-15 ans, celle des merveilleuses années lycée (ça nous rajeunit pas ma bonne dame), ces rares personnes donc, ont certainement le souvenir d'une jeune fille cachée derrière ses lunettes, ses grands pulls et ses jeans, plutôt discrète, toujours fourrée avec les mêmes 3 copines (tiens où elles sont passées celles-là ?), jamais un mot plus haut que l'autre, bref, une vraie carpette à lunettes. Et un véritable appât à pétasses en mal de bouc émissaire. En résumé, une pauvre nana adepte de la dos-ronditude, autrement appelée autruchitude ou encore dans quelques coins reculés de France : la tufaispitiéitude.
Cet état d'esprit digne d'une larve me provenait certainement d'un certain tempérament faiblard, et d'une éducation qui, toute bonne (voire excellente, merci papa, merci maman) fut-elle, ne contenait pas le mode d'emploi pour ne pas se laisser se marcher sur les pieds ou se rebeller contre l'iniquité ou plus simplement la connerie des autres. Trop de politesse en somme (un exemple, quand un serveur au resto me souhaite "bon appétit", il m'arrive souvent de lui répondre "vous aussi", par réflexe). Et puis, se fâcher avec quelqu'un, c'est ne pas/plus être aimé de lui. Consternant.
Depuis peu, cependant, je me sens changer, et je sens monter en moi la baditude refoulée depuis 27 ans aux tréfonds de moi-même. Serait-ce dû à la maternité ? A mes nouvelles responsabilités de maman ? A l'âge (pfff, bientôt 30 ans) ? En tout cas, depuis le début de l'année, au boulot, je ressens un monstrueux ras-le-bol devant les marques d'irrespect dont font preuve certains, au boulot ou dans la vie de tous les jours, et de plus en plus j'ose le dire.
Ceci n'a rien à voir avec les élèves. L'autorité et le respect des élèves, ça se gagne, ça se travaille, c'est à moi de bosser pour y arriver. Mais quand une nana au garage se met à m'engueuler parce qu'apparemment "
il fallait appeler l'assurance avant de prendre rdv pour les photos suite au sinistre de votre véhicule, merde, faut apprendre à se prendre en charge, c'est pas mon boulot, moi quand mon mari est mort c'est moi qui ai dû appeler les pompes funèbres et tout organiser toute seule", je me sens en droit de me mettre en colère, et oui j'ai appelé l'assurance, maintenant appelez-les et mettez vous d'accord, moi aussi je peux dire merde, et désolée pour votre mari mais je ne vois pas ce qu'il vient faire dans cette discussion (au moins 30 minutes d'engueulade). Quand
le stagiaire de physique-chimie se permet trop de choses, je me sens en droit d'être dégueu et de m'engueuler avec. Quand
la cpe m'aboie dessus (c'est très efficace avec les élèves, mais pas avec les profs), je me sens en droit d'être en colère et de lui dire ce que je pense. Quand
la nana de la loge me hurle dessus et m'insulte car j'ai eu le malheur d'arriver un quart d'heure avant son début de service (ben oui y'a grève, je me suis levée à 5h pour finalement ne pas avoir de bouchon, deg), je me sens en droit de hurler à mon tour et d'écrire une lettre bien salée au principal.
Et vous savez quoi ? J'ai appris quelque chose :
ce n'est pas parce qu'on s'engeule avec quelqu'un que ce quelqu'un vous déteste ensuite. La nana du garage a été tout sucre et miel quand j'y suis retournée quelques jours après pour chercher ma voiture (faut dire que j'y suis allée avec Octave, elle a craqué). Le stagiaire de physique-chimie est resté sympa, voire très sympa, et a même décidé de ne plus prendre ma salle (alleluia !), et ne cesse de me dire qu'il admire ma matière et ma démarche expérimentale (c'est zarb comme plan drague, non ?). La cpe me parle normalement. Pour la nana de la loge, une bonne discute devant le principal, on vide son sac, on reconnaît les torts partagés, on s'excuse et on se serre la main. Depuis, nickel.
Et pi, j'ajouterais qu'un peu de baditude dans le couple, ça ne fait pas de mal non plus. Encore mieux, après l'engueulade, la réconciliation est toujours très... agréable O:-)