
Je partais sur un a priori négatif : ayant allaité (avec plus ou moins de succès), utilisé un temps des couches lavables, pris des congés parentaux, je me pensais opposée aux opinions de Mme Badinter, et plus proche de son ennemie jurée, j'ai nommé le Dr Edwige Antier, grande prêtresse du maternage et de l'allaitement.
Eh ben en fait non. Dans son bouquin très documenté, Elisabeth Badinter s'interroge sur la place de la femme sans enfant et de la mère dans les sociétés industrialisées et plus particulièrement en France, comment elles sont perçues, quels sont les moyens dont elles disposent, etc... elle défend l'exception française, où les femmes avec enfants qui travaillent ne sont pas mal vues au contraire (à la différence de l'Allemagne ou d'autres pays européens) - contexte culturel qui expliquerait la natalité élevée en France.
Là où je pensais qu'elle fustigerait les femmes au foyer, je me rends compte qu'elle dénonce plutôt les assauts d'une nouvelle bien-pensance qui tendrait à culpabiliser les mères retournant au travail trop tôt, n'allaitant pas, etc - des situations que j'ai déjà pu rencontrer. Dans son collimateur, Edwige Antier donc, la Leche League (à la base organisation hyper catho), mais aussi les écologistes (pour le côté "retour à notre bonne Mère Nature" et autres couches lavables).
Elisabeth Badinter défend la liberté de choix, et la "mère médiocre", qui est souvent perçue comme "mère indigne" car elle ne fait pas passer ses enfants avant toute chose. "Médiocre", dans le sens étymologique de "au milieu", "moyenne". Je me range à ses côtés, et revendique le qualificatif de mère moyenne, quitte à passer pour indigne.
MI power !